Shibuya Productions : histoire d’un succès Monégasque
Shibuya Productions est une entreprise monégasque du secteur de l’Entertainment. Auréolée du succès du premier manga made in Monaco : Blitz, elle valorise également d’autres contenus novateurs. La société s’appuie sur de nombreux canaux, tels que l’édition, la télévision, le cinéma ou encore les jeux vidéo.
Ces sujets passionnent l’équipe Uncovers et nous ont incités à solliciter Cédric Biscay, un des fondateurs de Shibuya Productions, pour une interview.
Interview de Cédric Biscay fondateur de Shibuya Productions
Cédric, votre entreprise vole de succès en succès. Vous rentrez d’un récent voyage à Dubaï où le manga Blitz a fièrement porté les couleurs du drapeau monégasque, au sein de l’Exposition Universelle.
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Pouvez-vous évoquer ici la naissance de cette série, dont le 5ème tome connaît un succès planétaire ?
Je suis fan de manga depuis très longtemps maintenant et j’apprécie particulièrement ceux qui ont pour thématique le sport, comme par exemple Captain Tsubasa ou encore Slam Dunk. Pour moi il était évident que si je devais un jour passer de l’autre côté de la barrière et devenir auteur, je débuterai par un shŌnen de ce style-là. La concurrence dans le domaine étant importante et n’étant moi-même pas japonais, il me fallait une idée originale ou très peu exploitée, les échecs sont venus naturellement à moi car je connais un peu le domaine. Bien sûr dans ma tête à partir du moment où je pense aux échecs, je pense immédiatement à Garry Kasparov et je l’ai tout simplement contacté pour lui pitcher le projet afin qu’il intervienne sur le manga.
Avoir l’opportunité de pouvoir être mis en avant pendant toute la durée de l’Exposition Universelle de Dubai sur le Pavillon de Monaco est tout simplement une chance extraordinaire et une très grande fierté.
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Shibuya Productions paraît irriguée de culture nippone. Pouvez-vous nous parler des liens qui vous unissent au Japon ?
Ça vient encore une fois de ma jeunesse à regarder les dessins animés du Club Dorothée et à jouer aux jeux vidéo. J’ai compris rapidement que ceux que j’aimais, venaient principalement du Japon et j’ai donc voulu naturellement en savoir plus sur ce pays. Lorsque j’y suis allé pour la première fois fin des années 90, j’en ai pris pleins les yeux et j’ai découvert que les japonais avaient du mal à comprendre les français et vice versa. Personnellement j’étais super bien accepté et il me semblait que j’arrivais à comprendre ce pays mieux que la moyenne, je me suis donc dit que je pouvais peut-être faire un business de facilitateur entre les deux cultures et c’est la raison pour laquelle je crée en 2002 un cabinet de conseil dont c’est encore aujourd’hui la spécialité.
Avec le recul, tout ceci parait un petit peu présomptueux mais lorsqu’on est jeune on fonce parfois sans trop réfléchir.
Votre société a également participé à un superbe projet : Sad Hill Unearthed. Dans ce documentaire, un groupe de passionnés s’est échiné à reconstituer le cimetière du dernier duel du fameux film de Sergio Leone : le Bon, la Brute et le Truand.
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Comment Shibuya Productions s’est-elle retrouvée impliquée dans cet incroyable projet ?
Je suis un très grand fan du film Le Bon la Brute et le Truand que j’ai regardé plus de 100 fois c’est certain. Un jour j’ai entendu parler dans la presse d’une association en Espagne qui s’était créée pour déterrer et réhabiliter le fameux cimetière de Sad Hill qui est pour moi un décor de cinéma ultra culte. Honnêtement j’étais comme un ouf et j’ai immédiatement adhéré à cette association. Je suis bien entendu allé en Espagne près de Burgos pour voir cela de mes yeux et les autres membres de l’association m’ont ensuite présenté au talentueux réalisateur du futur Sad Hill Unearthed, Guillermo de Oliveira que j’ai rencontré à Madrid et qui avait pour plan de tout filmer afin de raconter cette histoire. La collaboration a démarré comme cela après une très belle soirée madrilène.
Vous souhaitez faire coïncider art, science et éducation dans un cercle vertueux. Votre objectif est de rendre le divertissement durable et utile.
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Est-ce un choix lié aux contraintes écologiques, une prise de position philosophique ou un mélange des deux ?
Je suis toujours très prudent quand nous utilisons ces termes qui nous tiennent à cœur car cela pourrait paraitre comme de simples éléments de langage marketing. Ce n’est pas du tout le cas, en fait il est clair que l’être humain est davantage intéressé par un sujet quand celui-ci lui est amené d’une manière qui le séduit.
Les grands sujets de société que sont l’environnement, la santé ou encore l’éducation pour ne citer que ceux-là ne sont en général pas jugés sexy par le grand public, je pense que notre rôle est de proposer un emballage sexy qui va sensibiliser réellement le public à ces intérêts communs et majeurs.
Nous n’inventons rien, mettez un grand professeur à parler climat, vous aurez 500 personnes dans une salle, mettez Leonardo Di Caprio pour dire la même chose, vous en aurez 5 000.
Je pense que faire coïncider art, science et éducation est le meilleur moyen de sensibilisation à notre disposition et c’est un atout majeur à la disposition de Shibuya Productions.
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Que pensez-vous des séries actuelles ? Êtes-vous plutôt fan de « Dix pour cent » (France TV), « HP » (OCS) ou « Squid Game » (Netflix) ?
J’aime bien Squid Game ! En général j’apprécie de regarder les séries, je n’ai pas énormément de temps pour m’y mettre sérieusement par contre mais je suis plutôt bon public, en vrac j’aime bien la Casa de Papel, Walking Dead ou Game of Thrones par exemple. J’ai aussi de très bons souvenirs de Prison Break, 24h Chrono et Breaking Bad.
- Quels sont les sujets inédits que vous aimeriez traiter à l’avenir ? Sur quels supports en particulier ?
Je ne peux bien sûr pas parler en détail de ce que nous allons faire, mais je trouve que le support manga se prête bien aux expérimentations car les investissements sont moindres que pour un jeu vidéo ou une série TV et les retours des lecteurs se font assez rapidement.
D’une manière plus large, après nos premiers pas dans le sport, nous travaillons sur un projet dans le domaine de l’environnement. La Principauté de Monaco grâce aux actions de S.A.S. Le Prince Albert II et de sa Fondation est un leader mondial sur ces sujets. Il me semble qu’il faut pouvoir profiter de cette aura pour proposer des choses novatrices toujours via notre axe de divertissement durable.
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Comment trouvez-vous de nouveaux sujets, de nouveaux talents ou auteurs ?
Je ne devrais sans doute pas le dire aussi simplement mais la réalité c’est que tout ça c’est du feeling, de l’intuition. Je n’ai pas une méthodologie particulière, je pense qu’il faut ressentir les choses et donc in fine le marché. Nous recevons des centaines de projets chaque année et derrière bien entendu il y a des auteurs et des talents qui pensent que le leur est exceptionnel.
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Revenons à l’actualité de Shibuya Productions. Le secteur du jeu vidéo paraît en plein développement au sein de votre entreprise. Pouvez-vous nous présenter vos projets en cours et évoquer plus particulièrement Activseven Heptathlon ?
Le jeu ActiVSeven Hetptathlon s’inscrit dans notre programme de distraction utile, nous l’avons d’ailleurs présenté pour la première fois dans le cadre de la Journée Internationale du Sport au Service de la Paix grâce à la Mission Permanente de Monaco auprès des Nations Unies, qui a bien voulu jouer le jeu avec nous. Pour nous il est essentiel de résoudre certaines problématiques de notre société, l’accès au sport en est une, l’exercice physique est primordial pour la santé et c’est dans ce but que nous avons développé ce jeu qui s’utilise avec l’appareil connecté Activ5, qui propose via l’isométrie de se renforcer musculairement. Le principe est très simple ici, nous avons opté pour l’Heptathlon afin d’avoir accès à différentes disciplines que cela soit la course, le saut en longueur, le lancer du javelot etc afin de varier les différents gameplays et proposer un réel effort physique alors que dans le même temps on s’amuse à battre les records.
Encore une fois, je n’invente rien, vous me proposez d’aller faire un jogging, ça va me saouler, si vous me proposez un tennis, je suis votre homme. La seule différence entre l’un et l’autre est qu’avec le tennis je m’amuse. L’effort physique via le jeu est selon moi quelque chose à développer pour lutter contre la sédentarisation proposée par les contenus traditionnels.
- Quelques questions plus personnelles, si vous le permettez. Pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire et professionnel ?
Je suis ce que l’on appelle un autodidacte.
Je crée ma première entreprise en 2002 en France puis en 2003 au Japon. En complément de cela j’occupe divers postes comme par exemple représentant de la Japan External Trade Organization en région PACA et Monaco. Je deviens également directeur du marché du Film de Tokyo et représentant au Japon pour le Festival International du Film d’Animation d’Annecy. Contre toute attente, je donne aussi des cours pendant plus de 10 ans en Master 1&2 sur les marchés japonais, coréens et chinois du jeu vidéo à l’école Polytechnique de Nice Sophia Antipolis.
J’ajoute que je ne parle pas le japonais et que j’ai eu le très grand honneur de recevoir il y a quelques mois le Certificat d’Honneur du Ministre des Affaires Étrangères Japonais.
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Quel est la production dont vous êtes le plus fier ? Pour quelles raisons ?
Je dirais Shenmue 3, tout simplement car après presque 20 ans d’attente, notre si modeste entreprise a pu réussir ce que les géants Sony et Microsoft n’ont pas pu réaliser avec ce jeu. Le fait d’avoir 3 records du monde au World Guinness book pèse aussi bien sûr dans la balance !
J’y pense aussi mais organiser notre événement MAGIC à Kyoto est également quelque chose d’exceptionnel, surtout que nous avons eu le très grand honneur d’y recevoir son Altesse Impériale la Princesse Akiko de Mikasa. Il y a trop de choses !
- Celle qui a été la plus difficile ? Pour quelles raisons ?
Astroboy Reboot, car nous avons été coincés pendant des années par une grosse major américaine, qui nous a fait perdre énormément de temps. C’est un de nos premiers projets donc on avait assez peu d’expérience. C’est très difficile pour une petite entreprise comme Shibuya Productions de lutter contre tous ces géants, mais le plus important est à chaque fois de trouver des solutions.
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Pouvez-vous dire quelques mots sur votre équipe actuelle ? Comment voyez-vous Shibuya Productions dans 10 ans ?
J’ai une équipe solide et soudée qui n’a pas d’autre choix que de manier la polyvalence. Nous sommes peu nombreux malgré une présence également au Japon via notre succursale. L’implication de chacun et beaucoup de rigueur sont les clés de voute de l’entreprise. Sans mon équipe rien de tout cela ne serait possible.
J’espère que dans 10 ans Shibuya Productions aura apporté une contribution significative à notre société.
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Quelle est votre citation préférée ?
« Quand on tire on raconte pas sa vie » Tuco dans le Bon la Brute et le Truand.
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Pour finir, pourriez-vous citer trois sites web ou pages de réseaux sociaux qui vous inspirent ?
Alors déjà 3 c’est beaucoup trop pour moi car je regarde très peu tout cela. Elon Musk est assez cool je trouve même si je n’arrive pas encore à définir si c’est un ami ou un ennemi de notre monde !
Vous avez apprécié cette interview ? Découvrez ici celle de M. Thierry Manni, fondateur de l’entreprise Monégasque Stajvelo.